samedi 26 février 2011

Et à Abu Dhabi ? C'est calme...

Voila bien une question qui revient souvent ; et à Abu Dhabi ? Il est vrai qu'en ce moment, le monde arabe bouge un peu.

Deux dictateurs, pourtant confortablement installés depuis bien des années, se sont fait virer de leur poste avec une brusquerie et une rapidité qui frisent le licenciement abusif. Et vous allez voir qu'il n'auront peut-être même pas droit à la prime chômage ; quelle injustice ! Enfin, il paraît cependant que Ben Ali a mis assez de côté pour s'assurer une retraite dorée...

 

Pour résumer, deux révolutions en Egypte et en Tunisie, une guerre civile en Lybie, des manifestations chaque jour grandissantes au Maroc, en Algérie, au Yémen, au Bahrein, en Jordanie, en Palestine, en Iran et en Iraq, ajoutez à cela les troubles et tensions habituels de la région ; il faut bien reconnaître que ça bouge un peu.

 

Pourtant à Abu Dhabi, c'est calme, comme dans le reste des Emirats. Pourquoi cela ? Et surtout, est-ce que ça risque de changer ?

La réponse, je pense, est non. Si on fait l'analyse de ce qui se passe dans les pays qui s'agitent, on trouve plusieurs dénominateurs communs : 

  • un pays gouverné par une élite, sur laquelle le peuple n'a aucun pouvoir
  • une grande pauvreté des classes sociales les plus basses, associée à des taux de chômage élevé (c'est sans doute le point le plus important)
  • une presse muselée et un contrôle fort du pouvoir sur la population.

Du coup, ça pète.

 

A Abu Dhabi, certes, la presse est contrôlée, et le gouvernement exerce une surveillance très rapprochée de la population, mais cela est sans doute dû principalement au fait que les expatriés représente près de 85% de lcette dernière.

Pour les deux autres points, ils sont inexistants aux Emirats. Les Emiratis sont riches. Tous. Ils ne manquent de rien, loin de là, et on les imagine mal descendre dans la rue pour protester : que pourraient-ils demander de plus ?

Les Emirats sont gouvernés par des émirs, qui appartiennent à la même famille depuis la création du pays, et qui ne sont bien sûr pas élus. Mais, comme autrefois dans les tribus bédouines, l'émir gouverne son pays en "père de famille". Chaque famille se réunit pour faire remonter ses positions au chef de tribu, dont l'avis compte au plus haut de l'état. Toutes les familles influentes sont représentés au parlement des Emirats, et le président serait bien mal avisé de ne pas tenir compte de son avis. De manière générale, les Emiratis, peu nombreux (à peine 500 000 dans tous le pays) se sentent bien écoutés et représentés par leur gouvernement.

 

Mais n'y a-t-il vraiment aucun risque ? Certains émirats du Nord, plus pauvres, comme Sharjah ou Umm-al-Quwain, pourraient réclamer plus, peut-être. Peut-être également que les travailleurs immigrés indiens ou pakistanais pourraient profiter des troubles des pays voisins pour réclamer également d'avantage. Même s'il y a peu de chances, c'est toujours possible.

Cependant, au vu de la manière de gouverner des Al Nahyan, il y a fort à parier que des revendications naissantes seraient traitées rapidement, et avec bien plus de sagesse que Khadafi. En effet, les Emirats ont compris il y a bien longtemps que les affaires avaient besoin de calme pour se développer, et qu'ils seraient les premiers à tirer les bénéfices d'un pays stable et sans tension. Un exemple de sagesse, certes facilité par l'argent du pétrole, dont certains voisins feraient bien de s'inspirer, comme l'Arabie Saoudite par exemple.

mardi 22 février 2011

Quelques retards...

Vous êtes des milliers (au bas mot) à me demander chaque jour d'écrire des articles. 

Cette période est assez chargée (question travail), me laissant hélas peu de temps pour crapahuter et pour faire le blog.


Cependant, je vous raconterai dans les prochains jours (c'est promis) comment j'ai pris un verre avec François Fillon, et comment sont les wadis du Nord de l'Oman en février par 28°C, car vous brûlez d'envie de le savoir, j'en suis sûr...

 

Je rajoute juste une petite note en passant pour dire que j'ai été officiellement embauché par EDF à l'issu de mon VIE. Je serai donc vraiment EDF à partir de fin 2011, à Paris !

vendredi 11 février 2011

Du ski au milieu du désert

ski-dubai.jpgC'est l'hiver en France. Comme chaque année, des millions de Français vont s'élancer comme des givrés sur des pistes de ski non moins givrées.

Aux Emirats, c'est sûr, on manque un peu de neige. Pourtant, il existe un lieu où l'on peut faire du ski aux Emirats. Dans un des immenses centres commerciaux dubaïottes se trouve une piste de ski intérieure. 
 
Cette piste a beaucoup défrayé la chronique en France, et il est vrai qu'il y a de quoi. 500 mètres de pistes, une neige parfaitement dammée, un bar d'altitude, un snow park ; au milieu du désert, ça a de quoi impressionner. Au final, c'est 250 millions de dollars et plus de 22 000 m² recouverts par la neige.
A l'intérieur, certes pas de quoi rivaliser avec des stations de ski françaises (même les stations du Jura font figures de grandes à côté de Ski Dubai). Deux pistes, peu pentues, et surtout pas très longues. Mais ça permet surtout à des gens qui n'ont jamais vu de neige autrement qu'à la télé (la majorité de la population ici) de découvrir le ski pour un tarif assez raisonnable.
 
D'un point de vue écologique, le projet a été largement décrié. A juste titre. Malgré une très bonne isolation, il faut une énergie considérable pour refroidir l'ensemble à -2°C lorsque dehors la température frise les 50°C. 
Mais allez, une fois n'est pas coutume, ne peut-on pas se faire l'avocat du diable ? Saviez-vous que la première piste de ski intérieure a été construite en Australie (où il ne fait pas beaucoup plus froid en été), que le pays qui en a le plus est le Japon (6) et qu'il en existe une cinquantaine dans le monde, dont une en France. Et que finalement, quand on chauffe des piscines à 38°C à l'air libre le long de nos pistes de ski, ce n'est pas franchement mieux.
Alors pourquoi la piste de ski de Dubaï a-t-elle été tant critiquée ? Est-ce parce qu'elle s'inscrit dans la folie des grandeurs dépensière de Dubaï ? Qu'elle est trop tape-à l'oeil ? Parce qu'on est un peu jaloux qu'un pays si jeune fasse des choses qu'on n'a pas les moyens de faire ? Ou un peu de tout ça...