lundi 30 août 2010

Ramadan, ramadan

7h37 : mon réveil sonne. On pourrait s'interroger sur le pourquoi du réveil à 7h37. La réponse est simple, c'est l'heure la plus tardive possible qui me permet de me réveiller, de prendre mon petit déjeuner, et d'arriver au boulot quelques minutes avant mon patron, soit aux alentours de 8h27. "Habile", diront certains, mais ça ne marche pas tous les jours. Peu honnête, diront d'autres, mais que celui qui n'a jamais mis sont réveil à 7h37 me jette la première pierre...
 
Comme tous les matins, je me lève et découvre avec émerveillement la vue de ma fenêtre, qui, malgré les brumes du matin dans mes yeux qui me donnent l'impression d'un paysage de Bretagne un soir de novembre alors qu'il n'y a pas un nuage, me donne le sourire (où ce qui ressemble à un sourire).
Mais ce matin-là, pas de jus de pamplemousse et de petit-déjeuner, parce que, qu'on se le dise, aujourd'hui, je fais ramadan. Le soleil étant levé (depuis bien plus tôt que 7h37, lui), pas le droit de boire ou de manger jusqu'au coucher du soleil.
 
La journée se passe au boulot, classique, mais avec la gorge sèche. C'est la principale difficulté du ramadan, ne pas boire. Avec la clim qui assèche l'air à l'intérieur, on a vite le gosier desséché. Et encore, je travaille en intérieur, mais je n'ose pas imaginer la difficulté pour les ouvriers qui bossent sur les chantiers de construction et transpirent toute la journée...

Finalement, le soleil se couche assez vite. L'iftar, moment où le muezzin se met à chanter pour officialiser la disparition de l'astre solaire, arrive vers 18h50, moment où tout le monde se rue sur la nourriture, laissant les rues et les magasins déserts comme jamais (c'est du coup le moment que choisissent les occidentaux pour aller faire leurs courses peinards). 
 
burger-king-ramadan-kareem.jpgUne journée de ramadan, ce n'est pas si difficile que ça, et les mauvaises langues diront même que ça fait un peu fillette de ne faire qu'une journée, surtout quand j'ai à côté de mois des millions de musulmans qui le font tous les jours depuis déjà 3 semaines. Mais ça a quelques inconvénients :
  • Déjà, c'est fatiguant. Pour que le jeûne soit moins difficile, les musulmans se couchent le plus tard possible, pour pouvoir manger le plus tard possible. Ils se couchent donc vers 5h du matin, et je vous laisse imaginer leur état de fatigue lorsqu'ils arrivent au travail. Ne pas manger, ça fatigue aussi, et du coup, ils font souvent la sieste en rentrant du boulot et jusqu'à l'Iftar. 
  • Ensuite, ça rend quasiment impossible la pratique du sport (dur de courir sans boire). Et vu qu'on profite du ramadan pour faire davantage de sport (squash et football en intérieur principalement), ce serait dommage de casser cet élan en faisant davantage le ramadan. 
  • Enfin, ce n'est pas très bon pour la santé. L'immense majorité des musulmans prend du poids pendant le ramadan, et pas qu'un peu. En effet, manger gras et sucré (comme en témoignent les pubs pour les fast food), seulement le soir, ce n'est pas le meilleur rythme alimentaire. 
Mais il y a aussi des avantages certains, surtout quand on ne fait pas le ramadan :
  • On sort plus tôt du boulot. Puisqu'on fait la journée en continu, les horaires sont aménagés. Le boulot finit à 15 h à EDF, 14h le jeudi, un peu plus tard pour les occidentaux. Et qu'est-ce que c'est agréable de sortir tôt ; ça permet de faire tout ce qu'on n'a pas le temps de faire d'habitude, comme du shopping, avoir un appartement propre et rangé (dans les limites du raisonnable, rassurez-vous), dormir plus...
  • La ville est déserte en journée, ce qui fait qu'on peut tranquillement aller faire ses courses, aller dans les parcs d'attraction aquatiques ou n'importe quel lieu public et se retrouver quasiment seul.
Le ramadan se terminera autour du 10 septembre, et ce sera l'Eïd el Fitr, moment de fête marqué par 2 jours fériés, et puis la vie Abu Dhabienne reprendra son cours normalement. Enfin, de manière normale pour les Emirats...

dimanche 29 août 2010

Profiter du soleil

Tant qu'on est sur l'eau, parlons-en un peu plus.

 

Le constat flagrant qui se fait aux Emirats, c'est qu'avec tout ce soleil, ce serait dommage de ne pas l'utiliser pour faire de l'eau chaude. Les Emirats ne se sont pas encore beaucoup mis aux énergies renouvelables (la faute au pétrole, qui n'est pas cher et en abondance dans le pays), mais il existe une combine pour avoir de l'eau chaude sans consommer de gaz en été.

 

En effet, l'eau froide, comprise dans les charges des immeubles, est stockée dans des réservoirs sur le toit, donc en plein soleil tout l'été. Pendant la saison chaude, cette eau "froide" doit atteindre les 40°C sans forcer.

A l'inverse, les ballons d'eau chaude sont individuels, pour des questions de facturations, et sont donc placés dans les appartement, climatisés comme il se doit. L'eau chaude est donc plus froide que l'eau froide. En éteignant le ballon d'eau chaude, et en se rappelant que l'eau chaude est l'eau froide et réciproquement (et vice versa aussi d'ailleurs), on peut avoir de l'eau chaude sans payer le gaz.

Avec tout le soleil qu'il y a en ce moment, ce serait quand même dommage de ne pas en profiter.

mardi 24 août 2010

L'eau aux Emirats

Avant que l'homme ne passe par là, les Emirats arabes unis étaient quand même relativement un désert (à quelques touffes d'herbe à chameaux près).
 
Pour avoir une petite idée de la situation, voilà quelques chiffres
En France, il tombe en moyenne tous les ans 900 mm d'eau, contre 78 mm par an aux Emirats. Grâce à de savants calculs, on trouve que les Emirats disposent chaque année d'environ 150 millions de mètres cubes d'eau dite "renouvelable" (qui se régénère naturellement), là où en France, nous en avons 200 milliards. 
Jusque là, rien de très surprenant, me direz-vous ; normal, c'est un désert...
 
Côté consommation maintenant, les Emirats consomment environ 34 m3 d'eau par an et par habitant, là où en France, on en consomme 1650 m3 par an et par habitant. 
Cette différence énorme n'est pas due à un comportement particulièrement respectueux et économe des Emiratis, mais plutôt à notre agriculture et à notre industrie en France, qui consomme la majeure partie des ressources en eau. En effet, les Emiratis consomment pour un usage domestique 390 L par jour et par habitant, contre 250 L pour un Français.
 
En tout, les Emirats consomment 26 fois plus d'eau que ce qu'ils ont comme ressource disponible.
Au début, ils pompaient tout ça dans les nappes phréatiques, qui se sont rapidement retrouvées à sec, quand elles n'avaient pas de problème de salinisation.
Heureusement, il y a le pétrole, et la mer à côté, ce qui est quand même une chance. Que l'eau soit salée est un problème qui se résout à grands coups de pétro-dollars. Ni une, ni deux, hop ; on désalinise l'eau de mer. Avec ça, pas de problème de ressource...
Le procédé est extrêmement simple ; on fait bouillir l'eau de mer, on la condense, et on la balance dans des tuyaux (bon, d'accord je vous fais une version courte). Plus récemment, on utilise le procédé d'osmose inverse (bien promu par Véolia et moins gourmand en énergie), qui consiste grosso modo à filtrer l'eau par des membranes très fines.

Grâce à une énergie très peu chère, le prix de l'eau courante aux Emirats est ridicule.
 
L'eau du robinet est donc très pure aux Emirats, trop pure en fait. L'ébullition entraîne une déminéralisation de l'eau, qui à la longue, peut être nocif pour le corps humain. Il faut donc acheter son eau potable en bouteille ou en bidons de 20 litres (rassurez-vous, c'est livré à domicile), qui elle, vient principalement des sources des montagnes d'Al Aïn.
 
Côté retraitement, maintenant, le système est assez bien pensé (il y a encore du Véolia dans le coup). Plutôt que de rejeter l'eau traitée dans des rivières qu'ils n'ont pas, les Emirats utilisent cette eau pour l'irrigation (et ils irriguent un paquet de choses), ou pour la réinjecter dans les nappes phréatiques qu'ils avaient vidées auparavant. Bien pensé, non ?
 
On a là un bel exemple d'adaptation de l'homme à un milieu naturel hostile. Le seul truc qui est dérangeant, c'est que l'énergie qu'ils utilisent pour faire ça n'est pas vraiment renouvelable.
Imaginons maintenant qu'à la place d'utiliser du pétrole, ils utilisent l'énergie solaire (abondante aussi aux Emirats) pour produire de l'eau. Est-ce qu'on n'aurait pas un parfait exemple de développement durable en plein milieu d'un désert ? Bon certes, on en est encore assez loin, mais ça ne coûte rien d'espérer.
 
Retrouvez cet article sur l'excellent site  Tout sur les Emirats arabes unis !

vendredi 20 août 2010

La sécurité aux Emirats

Abu Dhabi, 23h30, un soir en semaine. Je me promène dans une des petites ruelles sombres de mon quartier (en photo de jour), après un bon restaurant Pakistanais bien arrosé (d'eau et de thé, naturellement, puisque les restos Pakistanais ne servent pas d'alcool).
 
Pavés défoncés, peu d'activité, les quelques lampadaires blafards qui éclairent diffusent leur pâle lueur sur le paysage urbain qui s'offre à moi ; ruelle poussiéreuse, cartons qui s'entassent dans un coin, un chat famélique qui mange quelques ordures ; bienvenue dans un des petits quartiers Pakistanais d'Abu Dhabi. Appuyé contre un mur, un Pakistanais se racle la gorge avant de cracher par terre une quantité qu'on dromadaire lui-même serait à la peine de dégurgiter. Au début, ça choque. Après aussi, en fait.
mon quartier commercant
 
Je serais dans un quartier nord de Lima ou de Rio de Janeiro, je ne me baladerais sûrement pas dans un quartier comme ça la nuit tombée. Ou alors, je serais déjà en caleçon, dépouillé de mes vêtements, en train de courir pour échapper à la bande de malfrats qui me poursuivent en me criant "Ola Gringo !".
 
Mais ici à Abu Dhabi, rien de tout cela. Je me ballade l'esprit calme et serein, tout en sifflotant tranquillement un air dont j'ignore le titre parce qu'entendu sur cette mystérieuse mais néanmoins géniale radio qui n'a pas de nom et qui ne passe rien d'autre que de la musique... Mais je m'égare.

Tout ça pour dire que si je me promène l'air guilleret dans un quartier comme ça, c'est parce que la délinquance est très faible (quasiment inexistante) à Abu Dhabi. Pas d'histoire de vols, de pickpockets, de jeunes qui se font braquer par des grand-mères parce que leur retraite est insuffisante, ou de mères de familles qui attaquent des bulldogs, non, rien de tout cela ! Abu Dhabi est sûr, très sûr.
 
En quatre mois aux Emirats, je n'ai jamais entendu quelqu'un raconter qu'il s'était fait voler ses papiers, de l'argent ou quoi que ce soit d'autre. Au contraire, j'ai même entendu des gens raconter qu'ils avaient oublié leur portefeuille dans un lieu public et qu'on leur avait ramené intact.
Comble de la confiance, lorsque les Emiratis vont faire leurs courses, ils sont nombreux à laisser leur (très belle) voiture moteur allumé et clés sur le contact (ça va souvent ensemble, c'est vrai), pendant une demi-heure ou une heure, pour qu'elle soit fraîche quand ils la reprennent. C'est dire à quel point ils n'ont pas peur des vols.
C'est aussi dire à quel point ils s'en tapent des émissions de gaz à effet de serre et de gaspiller de l'essence, mais ceci est une autre histoire...
 
Plusieurs raisons selon moi à ce sentiment de sécurité absolue :
  • Déjà, les peines sont très lourdes ; risquer plusieurs années de prison pour avoir volé un portefeuille, le jeu n'en vaut pas forcément la chandelle. De plus, après la prison, c'est la reconduite à la frontière, et la plupart des Indiens et des Pakistanais n'ont pas trop envie de retourner chez eux (surtout les Pakistanais, parce qu'en ce moment c'est inondé, chez eux, et qu'ils préfèrent avoir les pieds au sec).
  • Mais surtout, la surveillance à Abu Dhabi est telle qu'il est impossible de réaliser quoi que ce soit sans se faire prendre. Toutes les rues sont équipées de caméra de surveillance, qui enregistrent automatiquement les plaques d'immatriculation, ce qui rend possible le fait de trouver une voiture n'importe où dans la ville en moins de 30 secondes, juste en rentrant le numéro de la plaque dans l'ordinateur.
  • Enfin, puisqu'on n'a pas le droit de rester aux Emirats sans avoir de travail, le chômage n'existe (quasiment) pas. Et les ouvriers de construction, qui sont les moins bien payés, ont des journées suffisamment crevantes pour ne pas avoir envie de jouer les Arsène Lupin de banlieue quand ils ont fini leur journée.
 
Pour toutes ces raisons, on peut continuer à se balader en tongs dans les petites ruelles mal éclairées d'Abu Dhabi tard le soir en sifflant... mais bon sang, quel est le titre de cette chanson ?

lundi 16 août 2010

Rando au Jebel Shams

Shams grand canyon
Le week-end dernier, nous sommes partis avec une sacrée troupe (qui a ajouté "de romanos" ?) pour tenter l'ascension du Jebel Shams par la face Nord.


En fait, je crois que c'était par la face Sud-Ouest, mais ça fait tout de suite plus sérieux quand on annonce que c'est la face Nord, peu importe le mont.
 
Nous partîmes dix d'Abu Dhabi, et en l'absence de prompts renforts, nous étions toujours 10 en arrivant au Jebel Shams.
Jeunes, dynamiques, ambitieux et pleins de forces, nous nous voyions déjà en haut du Jebel (et non pas de l'affiche), gravissant ainsi d'un seul coup de rein le sommet d'Oman, que dis-je du Moyen-Orient tout entier, contemplant déjà l'exploit accompli du haut des quelques 3000 mètres que mesure la bête en question...
shams chèvre
Jeunes fous que nous étions !
La cruelle mère Nature est bien perfide à l'encontre de ceux qui la sous-estiment.
 
Première déconvenue ; nous avions prévu de monter en voiture là-haut, laisser 2 voitures sur les 3, redescendre, remonter à pied pour pouvoir camper là-haut (cette manoeuvre que l'on pourrait qualifier d'"habile" nous permettait de camper au sommet sans avoir à se trimballer le matériel de camping). Hélas, zone militaire oblige, pas question de monter en voiture là-haut.
Le temps passant, nous décidons de faire l'aller-retour dans la journée du lendemain et nous contentons d'un petit tour autour du Grand Canyon omanais. Paysages fabuleux, jusqu'à 1500 mètres de falaises qui encadrent une gorge interminable. Saupoudrez le tout de quelques chèvres qui crapahutent dans les rochers, un ou deux percnoptères (si, si, des percnoptères !), et toujours la même troupe de joyeux lurons en mode touriste qui prend des photos en s'extasiant (et si les belges savaient prendre des photos on aurait même eu une photo de groupe cadrée).
Shams oman ma tuer
Après une soirée passée autour du feu à manger des grillades dans un wadi (une rivière à sec) abandonné, à jouer de la guitare pour apprendre un peu ce qu'est la musique occidentale aux chèvres du canton, une nuit passée sous les étoiles et les assauts des moustiques, trop heureux de pouvoir enfin goûter à quelque chose de plus tendre que de la chèvre, et une rencontre avec un énorme scorpion au réveil .... après tout ça, nous partons à l'assaut du Jebel Shams, pour de bon cette fois.
 
Mais hélas, les cartes précises de la région n'existent pas ; pas de carte topographique comme les bonnes vieilles IGN, personne ne randonne en Oman, (certains diront même, personne ne sait où est Oman), nous sommes dans ce que les géographes appellent une zone blanche : il faut se contenter des photos de Google Earth et du marquage au sol.
Et du coup, ça paraissait franchement plus facile sur Google Earth qu'en vrai. Après un peu plus de 4h30 de montée à travers les cailloux et au bord du canyon toujours aussi fabuleux, nous ne sommes qu'à la moitié de l'ascension.
shams happy end
 
Et il nous faut capituler... Le jebel Shams nous a vaincu (la photo ci-dessus est intitulée "Oman m'a tuer").
3h de descente et on rembarque la troupe de joyeux (mais fatigués) lurons dans les voitures, direction Abu Dhabi, et couchage à plus de 2 heures du matin, après un week-end qui n'était pas des plus reposants.
Malgré cela, avant de repartir la queue entre les jambes, gros-jean comme devant et le Shams derrière nous, nous lançâmes un "nous nous retrouverons, vieux Shams ! Et cette fois-ci, tu verras, notre vengeance sera terrible... nous planterons un drapeau sur ton sommet arrogant ; celui de la victoire !" (en fait, on a plutôt dit "En voiture Simone, on rentre à Abu Dhabi, et on s'arrête au premier Burger qu'on trouve sur la route", mais ça rendait moins théâtral...).
 
A refaire, donc ...

vendredi 13 août 2010

Mosquée Sheikh Zayed

Pour plus d'infos sur la mosquée et ses visites, lisez l'article Mosquée Sheikh Zayed sur le site Tout sur les Emirats arabes unis.
mosquee
La mosquée Sheikh Zayed (de son nom complet Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, le fondateur du pays), est sans doute la principale attraction de la ville d'Abu Dhabi pour le moment.
 
mosquee zayed 1Toute blanche, de la pierre la plus basse jusqu'au sommet du minaret, elle étincelle véritablement sous le soleil toujours présent d'Abu Dhabi. Achevée en 2007 après 7 ans de chantier, c'est la 7e plus grande mosquée du monde, et sans doute une des plus jolies (de l'extérieur en tous cas).
 
Quelques chiffres pour prendre conscience de l'ampleur de l'édifice :
- sa construction aurait coûté autour de 2 milliards de dollars
- elle comporte 4 minarets de 107 mètres de haut
- elle est ornée de 82 dômes
- elle peut accueillir 40 000 personnes
Sa construction a engendré deux nouveaux records du monde (les Emiratis raffolent de records en tous genres) :
- le record du plus grand tapis du monde (plus de 5 600 m², pour un poids de 46 tonnes)
- le plus grand chandelier du monde, de 15 mètres de haut pour 10 mètres de large
 
La cour, gigantesque, fait 17 000 m² et est entièrement pavée de marbre blanc agrémenté de motifs floraux en marbres d'autres couleurs. C'est vraiment magnifique, mais très éblouissant quand le soleil se reflète sur le sol.
mosquee colonnes
Paradoxalement, le truc qui est un peu plus surprenant, c'est la déco intérieure ; les lustres multicolores font un peu fête foraine, et viennent briser le calme et la sérénité de l'extérieur. Excepté ce détail, même à l'intérieur, on trouve quelques plafonds magnifiquement décorés.
 
La mosquée est ouverte à la visite, gratuitement, mais seulement en dehors des horaires de prière. Les femmes doivent pour la visiter revêtir l'abaya et le hijab, ce qui est plutôt amusant.
mosquee interieur


Pour plus d'infos sur la mosquée et ses visites, lisez l'article Mosquée Sheikh Zayed sur le site Tout sur les Emirats arabes unis.

mardi 10 août 2010

C'est le début du Ramadan

Comme tous les ans, les musulmans du monde entier vont débuter ce soir le mois du Ramadan.

 

Le jeûne du Ramadan est un des cinq piliers de l'islam (avec la charité aux pauvres, le fait de croire en Dieu/Allah, le pélerinage à la Mecque, et la prière quotidienne). Pendant un mois entier, les musulmans ne doivent donc ni manger, ni boire, ni fumer, ni avoir de relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil.

Le but de cela, c'est de se libérer de la vie quotidienne pour se concentrer sur soi et sa conduite. Les musulmans s'efforcent donc d'être plus ouverts aux autres, plus généreux avec les pauvres, et plus tournés vers Allah qu'ils ne le sont d'habitude. Le fait de ne pas manger ni boire rappelle à ceux qui pratiquent le jeûne la chance d'avoir à manger et à boire tous les jours.

Seules exceptions, les personnes dont la santé pourrait être affectée par le jeûne sont exemptées de Ramadan : les plus vieux, les enfants, les malades et les femmes enceintes, par exemple.

Le Ramadan aux Emirats

Dans tous les Emirats arabes unis, il est donc interdit de boire, manger ou fumer en public pendant un mois. Si on se fait prendre à boire dans la rue par exemple, on peut être immédiatement envoyé en prison jusqu'à la fin du ramadan.

Les magasins d'alcool sont également fermés pendant toute la durée du ramadan, et les bars, hôtels et boîtes de nuit n'ont pas le droit de passer de musique (du coup, certains ferment pendant cette période).

Petit détail amusant ; les magasins, rues et bureaux sont souvent décorés pendant le ramadan, avec des décorations.... de Noël (enfin, celles qu'on sort pour Noël) ; guirlandes, étoiles, et boules de Noël, tout y est !

 

Toute l'activité tourne au ralenti ; la plupart des magasins sont fermés l'après-midi, les horaires de boulot sont aménagés (8h - 15h en non-stop pour les musulmans à EDF), bref ; la ville change complètement de face.

 

Côté "esprit du ramadan", si certains le respectent à la lettre, il est souvent détourné ; les musulmans font en effet de telles fêtes le soir, qu'ils mangent beaucoup plus qu'en temps normal. Il essaient aussi de se coucher le plus tard possible, pour ne pas avoir trop faim le lendemain, et sont du coup très fatigués, et parfois à fleur de peau.

 

De mon côté, j'essaierai de faire un mini-ramadan de 3 jours, pour voir ce que ça fait, et comment le corps réagit... A suivre sur ce blog bien entendu...

 

 

PS : Le rythme des articles publiés sur ce blog a un peu ralenti. Non pas que je n'ai plus rien à dire, au contraire, mais plutôt à cause de soirées et week-end trop chargés. Le ramadan devrait normalement me permettre de reprendre un rythme un peu plus élevé et enfin raconter ce que je fais sans avoir un mois de retard. Au programme : la mosquée Sheikh Zayed, les montagnes omanaises, un week-end au Liban, de l'histoire, des histoires, des anectodes et plein d'autres choses...

samedi 7 août 2010

Dubaï : histoire d'une crise

Quand on dit que les Emirats sont riches, ce n'est pas exactement vrai. En fait, seul l'émirat d'Abu Dhabi a du pétrole.

 

Les Emirats du Nord (Ajman, Sharjah, Ras Al Khaïmah, Umm al Quwaïn et Fujaïrah, rien que des noms sympas) n'ont jamais mené un train de vie débridé. Tous (à l'exception de Sharjah, qui fait un peu de résistance) ont largement bénéficié du soutien d'Abu Dhabi, qui possède à peu près toutes les institutions dans ces émirats.

 

Pour Dubaï, c'est différent. Ils ont eu du pétrole, sont issus d'une très grande famille, et veulent à tout prix exister face à Abu Dhabi. Quand le pétrole est venu à manquer, il fallait trouver autre chose ; c'est là qu'ils se sont lancés dans cette folie constructrice que l'on connaît : les palmiers sur l'eau, les gratte-ciel immenses...

 

Construire, c'est bien beau, mais il faut de l'argent. Une fois l'argent du pétrole épuisé, il fallait encore trouver d'autres ressources. Dubaï a donc décidé d'ouvrir les investissements aux étrangers, notamment dans l'immobilier ; auparavant, seul l'état et les Emiratis pouvaient acheter des logements. Ca a eu l'effet escompté ; les investisseurs sont venus par milliers et les bâtiments ont poussé comme des pâquerettes (qui elles, n'ont jamais poussé aux Emirats).

 

Mais les investisseurs occidentaux étaient plus attirés par l'attrait financier que par un logement aux Emirats. Une fois les logements construits (et encore, parfois même avant qu'ils soient finis), ils revendaient le bâtiment, réalisant ainsi une plus-value intéressante. Les acheteurs revendaient aussitôt et ainsi de suite, entraînant une spirale des prix vertigineuse.

 

Jusqu'au jour où ce qui devait arriver arriva ; les investisseurs ont commencé à se méfier, à ne plus acheter, et on s'est rendu compte que le prix auquel ils avaient acheté les logements était largement surévalué. Crise de confiance, patatra, les prix dégringolent, plus personne ne veut acheter : les malchanceux qui ont acheté en dernier se retrouvent ruinés... On avait beaucoup trop construit, sans même se demander si on avait vraiment besoin de tout ça.

Résultat ; aujourd'hui, on estime à plus de 50 000 le nombre de logements inoccupés à Dubaï. 

 

Les statistiques officielles disent que tout va bien, et que ça va repartir, mais en coulisse, on estime à 5 ans minimum le temps qu'il faudra pour résorber le surplus. Dubaï, fort dépourvu, vient demander l'aide de la fourmi sa voisine (Abu Dhabi), qui travaillait aux temps chauds. Trop heureuse de pouvoir prêter à cette emprunteuse, la fourmi fait chanter la cigale dubaïotte, et négocie tranquillement le rachat de Dubaï (c'est pour ça que le Burj Dubaï, le building le plus haut du monde, s'appelle désormais Burj Khalifa, du nom de l'émir d'Abu Dhabi).

 

Abu Dhabi, qui n'a que très peu ouvert son marché aux investisseurs européens (seuls les logements sur deux petites îles d'Abu Dhabi peuvent être achetés par des étrangers), et qui, surtout, a du pétrole et n'a construit que ce dont il avait besoin (avec une notion du besoin un brin différente de la nôtre, cela dit), ne risque absolument pas de voir une telle crise arriver.

 

Retrouvez cet article "Crise du logement à Dubaï" et beaucoup d'autres sur le site Tout sur les Emirats arabes unis.

mardi 3 août 2010

Les EAU veulent interdire le blackberry

blackberryCette déclaration des autorités émiraties, immédiatement suivies par les autorités saoudiennes, a défrayé la chronique jusqu'à paraître dans Le Monde et en une du site de la BBC ; les Emirats arabes unis ont annoncé récemment qu'ils souhaitaient couper les services internet et sms pour les utilisateurs du Blackberry.
 
Loin d'être surprenante, cette décision est plutôt révélatrice de la censure strictement appliquée aux Emirats.

Comment fonctionne un blackberry ? Comme l'illustre parfaitement ce petit schéma (cliquez pour agrandir), les blackberries utilisent un VPN (sorte de tube pour les télécommunications cryptées) jusqu'au Canada, où l'utilisateur à accès à internet. Cela fait exactement comme si l'utilisateur se connectait du Canada, et les autorités se retrouvent gros-jean comme devant, puisqu'elles ne peuvent pas avoir accès aux données échangées.
Pas choquant, vu d'Europe, puisqu'on n'aime pas trop quand les autorités peuvent lire ce qu'on envoie.
 
Mais ici, les Emirats pratiquent une version assez stricte de la censure. Sont bloqués aux Emirats tous les sites relatifs à :
- la critique des religions monothéistes (avec une surveillance accrue pour l'Islam)
- le sexe (même sous des abords pédagogiques), la nudité et la pornographie
- le terrorisme
- les moyens de contourner la censure
- la critique des autorités et du gouvernement
Et ce pour des raisons de "sécurité nationale" (pour rappel, en France, seuls les sites relatifs à la pédopornographie et au négationisme sont bloqués).
 
Du coup, un utilisateur qui se connecte du Canada (tout en étant aux Emirats, grâce à son Blackberry) n'est pas soumis à cette censure, ce qui dérange profondément les Emirats.
 
Cela dit, on estime à 500 000 les utilisateurs de Blackberry aux EAU (sur 5 millions d'habitants, c'est pas mal), et des négociations sont déjà en cours pour régler ce problème. Nul doute que Blackberry, pour sauver son marché, acceptera une version plus édulcorée d'internet pour les Emirats...

En photo, je vous mets le petit panneau qui nous indique que le site que l'on visite n'est pas acceptable aux EAU, et que l'on rencontre assez souvent, parfois même sur des articles Wikipédia.
Bien sûr, les moyens de contourner ce genre d'interdiction ne manquent pas, mais je n'en parlerai pas ici (parce que c'est interdit, si vous avez bien suivi).
A noter aussi que la censure est bien plus forte en anglais et en arabe, qu'en français (rapport aux gens qui mettent les sites sur liste noire). Et je suis convaincu qu'en parlant tchèque, quechua ou tagalog, la censure est quasiment absente (mais peut-être que les sites internet aussi, du coup...).

dimanche 1 août 2010

Soldes sur les amendes

C'est l'été aux Emirats, donc on solde tout. Même les amendes.
 
Il y a quelques jours, le journal local, Gulfnews, a annoncé une décision surprenante des autorités d'Abu Dhabi. Pour inciter les gens à venir payer leurs amendes, ils ont fait un rabais de 50% sur les amendes, PV...
 
voiture-sale.JPGIl faut savoir que les PV ne sont pas donnés ici (jusqu'à 400 Dhs, soit 80? pour un petit excès de vitesse, 500 Dhs, 100? pour un stationnement, et ça peut monter jusqu'à plusieurs milliers de Dirhams si un local se plaint de votre conduite), et que les policiers, Indiens ou Pakistanais pour la plupart, sont rémunérés en pourcentage de leur travail ; plus ils mettent d'amendes et plus leur salaire est élevé (un bel exemple de rémunération au mérite...). Du coup, ils n'hésitent pas à faire du zèle, souvent un peu trop, et rarement envers les comportements vraiment dangereux.
 
On peut même recevoir une amende si notre voiture est trop sale, ce qui arrive vite, à cause de la poussière, du sable, et de la condensation qui vous colle tout ça sur les vitres. Si on ne fait rien, la police peut décider d'emmener la voiture. En photo, vous avez un bel exemple de voiture sale (une voiture peut devenir aussi sale en moins d'un mois), avec un avis d'enlèvement collé sur le parebrise, et une bonne blague écrite sur le capot).
 
En plus, comme la plupart des Emiratis ne payent pas les amendes (ils sont au-dessus de ça, mais j'en reparlerai), qu'il y a des radars tous les 2 ou 3 kilomètres, et qu'il est très difficile de trouver une place de parking, certains expatriés se retrouvent parfois avec des jolies factures à la fin de l'année. Du coup, les soldes ont provoqué des files d'attente interminables pour payer ses amendes.